Colloque international
21-23 nov. 2019 Meknès (Maroc)

Argumentaire

Les textes de Borges ne cessent de voyager dans le monde entier, ils ont été traduits dans plusieurs langues et continuent de fasciner et de fertiliser la littérature mondiale. Rares sont les écritures qui ont inspiré tant d’écrivains et de critiques dans tous les champs disciplinaires. Celle de Borges, non seulement elle a constitué un intertexte universel inépuisable mais elle procure à ses lecteurs un plaisir infini et sans cesse renouvelé. Plus d’un siècle après sa naissance et plus de trente ans après sa disparition, cet auteur est plus vivant qu’avant. Son écriture devient l’allégorie de la pensée humaine qui, par le biais d’une langue élégante, traduit ses pensées, ses rêves ainsi que ses émotions. La littérature de l’auteur argentin reflète la complexité du monde moderne au moyen de formes d’écriture brèves, concises mais profondes.

Pour Borges, les écrits et les productions littéraires s’inscrivent dans le cadre de la réécriture d’un même texte appartenant à un seul et unique auteur. La notion de réécriture lui permet d’inscrire son œuvre dans le cadre de la littérature universelle puisqu’elle puise dans plusieurs littératures qui l’ont influencée et inspirée. Ainsi, il a manifesté l’intérêt qu’il porte à la littérature occidentale et orientale. La référence à ces littératures est fortement présente dans ses nouvelles aussi bien que dans ses essais. Viennent en premier lieu Les Mille et une nuitsLa Divine Comédie, Don Quichotte et une multitude d’auteurs universels tels que Shakespeare, Homère, Yeats, Blake, Averroès, Schopenhauer et bien d’autres.

Au XXIème siècle, la littérature de Borges devient à son tour un intertexte universel incontournable de plusieurs œuvres contemporaines. Son esthétique et sa subtile rhétorique ont marqué plusieurs générations d’écrivains et ont généré toute une production de par le monde entier qui porte ses traces. Les mondes créés par Borges intriguent et séduisent, intimident et ensorcellent. En Amérique Latine, en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Afrique, Borges est fortement présent et ne cesse d’inspirer écrivains et critiques tels que Mario Vargas Llosa, Néstor Ibarra, Roger Caillois, Umberto Eco, Michel Lafon, Maurice Blanchot, Abdelfattah Kilito, Tahar Ben Jelloun, Abdelhak Serhane, Raphaël Lellouche, Antoine Compagon et tant d’autres.

Les thèmes borgésiens qui semblent à première vue abstraits, sophistiqués et trop intellectuels se trouvent être au centre des préoccupations et des questionnements de l’homme du XXIème siècle, de l’homme de tout temps : le Temps, la Création, l’Identité, la Métaphysique, le Labyrinthe, l’Infini, le Possible et l’Impossible…En conséquence, l’intertextualité devient le lieu d’une interculturalité où chacun de ses lecteurs se retrouve et se réfléchit. L’autre devient le même (1), chacun selon sa culture et son expérience.

Ce colloque international vise avant tout à rassembler les lecteurs, les admirateurs et les spécialistes de Borges afin d’esquisser un état des lieux de la recherche sur Borges actuellement, ses orientations poétiques, philosophiques, métaphysiques… Le texte borgésien de par son caractère interdisciplinaire se prête tout particulièrement aux études comparatives. De nos jours, de nouvelles approches et méthodes s’imposent pour aborder la pensée et le texte de Borges. Outre la question de l’histoire littéraire, de la réécriture et de la multiplication des voix narratives, le legs borgésien possède les caractéristiques d’un texte transversal et transculturel.

La dimension didactique est un autre volet qui mérite tout notre intérêt, ce colloque offre   l’occasion de poser les questions suivantes : comment enseigne-t-on Borges dans nos universités et autres établissements d’enseignement supérieur ? Quelle place occupe-t-il dans nos curricula, dans nos programmes d’enseignement ? Quelle réception lui réservons-nous dans nos classes et amphithéâtres ?

Borges, l’auteur aux visages multiples, lui qui fut tant d’hommes (2). [« Moi qui fus tant d’hommes »] nous invite aujourd’hui à découvrir son texte dans un cadre communicationnel, critique et didactique.

L’intertexte arabe est une composante de choix dans la littérature de Borges, aussi bien dans la fiction que dans l’essai et la poésie. Tout polyglotte qu’il était, Borges a considéré son ignorance de l’arabe comme un échec (3). Quelques mois avant sa disparition, il s’était mis à apprendre cette langue dans l’espoir ultime de lire les auteurs arabes dans leur langue. Des critiques et chercheurs marocains se sont intéressés à ce type d’intertextualité qui sera également l’un des centres d’intérêt de ce colloque.

 

 

(1) Par référence à l’ouvrage de Borges L’Autre, le même, [El Otro, el mismo], traduction par Jean Pierre Bernès et Nestor Ibarra, dans Œuvres complètes, édition établie, présentée et annotée par Jean Pierre Bernès, Bibliothèque de la Pléiade, tome II, 1999.

(2) L’allusion ici est faite à son poème « Regret d’Héraclite » in L’Auteur et autres textes.

(3) « La quête d’Averroës » in L’Aleph.

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